2020 a été une année assez particulière pour la planète entière et l’industrie brassicole n’y a pas échappée. 2021 continue de nous confronter à la réalité de l’évolution sociétale en temps de pandémie et cela fera maintenant 1 an que l’incertitude est grandissante. Je crois que la question qui s’est le plus imposée à moi au cours de la dernière année, et en particulier durant le dernier mois en confinement, est celle de la définition de ce qui est considéré dans notre société comme étant « essentiel » ou non. Que ce soit « commerces essentiels », « services essentiels », « biens essentiels » ou « commerces prioritaires », on entend ces mots sans arrêt depuis mars dernier, mais leur définition semble changer à chaque nouvelle mesure restrictive imposée par le gouvernement.
C’est dans cette optique de constante redéfinition du mot « essentiel » que je me suis posé la question suivante : « Est-ce que la bière c’est essentiel? » Étant d’avides amateurs de bières, et surtout de bières de microbrasseries, je ne serais aucunement surpris d’apprendre que bon nombre d’entre vous qui me lisez adhèrent positivement à la question, mais quelles en sont les raisons? Mis à part le fait qu’on aime le produit et qu’on ne veut pas s’en départir, quelles sont les motivations derrière le classement de la bière en tant que produit essentiel? Les enjeux entourant le sujet touchent sont selon moi plusieurs sphères, telles que l’économie, l’identité culturelle et même la santé mentale. Ce sont sur ces trois aspects que je me prononcerai à travers cet éditorial.
Point de vue économique
On ne se le cachera pas; la bière de microbrasserie est un produit de luxe. Il est clair que si demain matin, ce type de produit était aboli, l’espèce humaine survivrait. Serait-il alors acceptable de proscrire la commercialisation d’un tel produit afin de prioriser les produits moins luxueux? Selon moi, la question pourrait réellement se poser dans une société où cette industrie est moins développée. Le Québec est reconnu comme une province brassicole offrant une diversité assez massives de bières de microbrasseries. Je le mentionnais dans un article précédent; l’industrie brassicole est multi-systémique. Elle implique non seulement le consommateur tel que vous et moi, mais une myriade de producteurs de bières, d’instruments de brassage et d’ingrédients primaires, tels que le grain et les houblons, en plus de toute la sphère de la distribution et des ventes. Prenez le secteur agricole et en particulier un producteur de céréale (malt) en exemple. Si la bière avait été bannie et considérée « non-essentielle », c’est une année entière de travail et d’investissements qui aurait été compromise. En ce sens, du moins à mes yeux, la bière est définitivement un produit essentiel à notre économie provinciale.
D’un autre point de vue, toujours au niveau économique, l’industrie micro-brassicole au Québec confère une sécurité professionnelle. En effet, en date du 1er Novembre 2020, l’industrie représentait 5000 emplois au Québec uniquement. Il est donc clair que la bière de microbrasserie, bien qu’elle apparaisse comme un produit de luxe, constitue une garantie professionnelle et financière pour bon nombre de québécois.
Point de vue santé
Maintenant que nous avons clairement établit le fait que la bière est essentielle, j’ai remarqué un aspect de la pandémie qui est souvent négligé dans les grands discours politique et qui est, selon moi, inquiétant… J’ai nommé : le stress et l’explosion de l’instabilité psychologique et mentale. C’est un phénomène qui touche bon nombre de personnes, mais qui, à l’instar du stress financier et professionnel, est assez invisible. Mais qu’est-ce que la bière a à voir là-dedans? En fait, à mes yeux, la bière de microbrasserie est un plaisir social, gastronomique et culturel accessible à tous et qui rend heureux. Elle rassemble, elle nous permet de connecter et nous fait apprécier encore plus les liens que nous partageons avec ceux avec qui nous la buvons. C’est souvent une excuse pour prendre un répit du capharnaüm quotidien, pour se poser les pieds et, j’oserais même dire, se ressourcer. Or, en cette période stressante, les opportunités de déconnecter de la folie journalière se font rares. Il devient alors essentiel de trouver du temps pour ces petits plaisirs qui maintiennent notre qualité de vie et qui nous évite de sombrer dans un cercle vicieux plein de tourments mentaux et de stress. La bière fait selon moi partie de ces petits plaisirs qu’il faut intégrer à sa vie. Elle me permet d’encourager mon économie, stabilise ma routine hebdomadaire et valorise mon inclusion dans une communauté de bons buveurs qui sont portés vers le positivisme et le partage de produits d’ici.
En somme, la bière ne se résume pas à une simple pinte à visage découvert dans un pub crasseux. Elle s’incruste de plus en plus dans les diverses sphères de notre économie, s’imprègne dans notre culture et nous permet de nous rassembler. Comment pourrait-on dire que la bière n’est pas essentielle?
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